Le culte de Notre Dame
L’île de Béhuard fut évangélisée au début du Ve siècle par l’évêque d’Angers, Maurille, disciple de saint Martin de Tours. À travers tout l’Anjou, Maurille christianisait les lieux dédiés à des dieux païens – le rocher qui surplombait l’île était consacré au culte d’une divinité marine – et Maurille prêchait le culte de Notre Dame.
L’évêque dédia naturellement le lieu à la Nativité. Il avait fait de même au Marillais, non loin de St Florent le Vieil. Vers le milieu du XIe siècle, les îles furent données en fief par le comte d’Anjou, Geoffroi Martel, à un chevalier d’origine bretonne nommé Buhard qui l’avait loyalement servi.
Après la mort de Geoffroi, Béhuard légua tous ses biens à l’abbaye St-Nicolas d’Angers.
AU XV ème SIÈCLE,
LE VŒU DU ROI LOUIS XI
Il est difficile de ne pas rattacher aux mariniers de la Loire l’origine de la dévotion à la Vierge de Béhuard.
Au XVe siècle, les pèlerins étaient déjà nombreux. Cependant, Béhuard serait vraisemblablement resté un pèlerinage de rayonnement local, ou tout au plus provincial si le roi de France Louis XI ne s’était pas pris de dévotion fervente à la Vierge de la petite île. On ne compte pas moins d’une vingtaine de voyages du roi à Béhuard. Le premier date, semble-il, de 1462.
En traversant la rivière de la Charente en 1453 alors qu’il s’en allait combattre le Comte d’Armagnac, au moment où son bateau se brisait dans le bief d’un moulin, le futur Louis XI , dans l’angoisse de périr, se recommande à Notre Dame de Béhuard.
Sa barque est alors rejetée à la rive sans dommage. Sauvé d’une mort certaine, le jeune Louis promet qu’il construira une chapelle à Béhuard. Des années plus tard, le roi de France Louis XI acquitte son vœu. Le 26 juin 1469, il donne l’ordre de construire la nouvelle chapelle sur le rocher, destinée à remplacer l’humble oratoire devenu trop étroit. La construction de l’actuel édifice se fait entre l’année 1469 et l’année 1472.
En 1470, Louis XI supplie la Vierge pour obtenir un fils. Exaucé quelques mois plus tard, il vient remercier Notre-Dame par trois fois cette année-là. Mais c’est en 1472 que les séjours du roi sont les plus fréquents. Il y passe parfois plus de quinze jours. Il surveille la construction de l’édifice. Louis XI disparu, Béhuard restera une simple annexe de la paroisse de Denée.
Au XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle, le pèlerinage perdit de sa faveur. Cependant, les vertus de la Vierge de Béhuard n’étaient pas entièrement oubliées. Et au moment de la naissance du premier enfant de Louis XVI, en 1778, des prières ferventes montèrent vers Celle qui jadis avait donné à Louis XI un dauphin.
Monseigneur freppel
et xxème siècle à bEhuard
Le pèlerinage fut remis à l’honneur, après 1870, sous l’épiscopat de Mgr Freppel. Des cérémonies mémorables se déroulèrent le 8 septembre – principal anniversaire de Béhuard, jour de Notre Dame l’Angevine – en 1873, en 1910 et 1923. Cette année-là eut lieu, avec l’autorisation du Saint-Père, le couronnement de la Vierge. En 1932, année du 15e centenaire, le pèlerinage attira des centaines de fidèles.
Au moment de la Libération tous les ponts ayant été détruits par l’aviation anglo-américaine en juillet-août 1944, l’île de Béhuard, isolée, constitua durant prés d’un mois (8 août-1er septembre) un no man’s land, qui n’était occupé ni par les Allemands sur la rive gauche, ni par les Américains sur la rive droite, au-dessus duquel les tirs d’artillerie se croisaient.
LE PÈLERINAGE
DES MADONES DE 1948
Le pèlerinage des Madones, organisé en 1948 par Mgr Costes, a groupé en une magnifique fête religieuse toutes les Madones de l’Anjou réunies autour de la Vierge de Béhuard.
De nombreux archevêques et évêques assistèrent à cette fête où les pèlerins, le dimanche, furent transportés en chalands.
DEPUIS LES ANNÉES 2000
Aujourd’hui Béhuard reste un lieu de pèlerinages et de retraites important en Maine-et-Loire. Les fêtes mariales, notamment le 15 août, rassemblent toujours de nombreux fidèles parmi lesquels de jeunes familles en nombre croissant.
2010-2019 : incertitude
et renouveau
Au cours de cette décennie, le sanctuaire aura connu pas moins de trois recteurs : les pères Gérard Portais (2003-2013), Michel Cottineau (2013-2016), Bertrand Chevallier (depuis 2019) et un prêtre desservant, Philippe Loiseau (2016-2019).
Des orientations pessimistes sur le devenir du sanctuaire, conjuguées à une inspection de sécurité obligeant la fermeture de l’hébergement à la maison diocésaine, ont conduit, en milieu de période, à une forte mobilisation des fidèles du sanctuaire et de leurs prêtres. Cet engagement de tous, concrétisé par une affluence sans faille aux offices et activités, a amené Mgr Delmas à confirmer le rôle majeur de Béhuard dans le diocèse, et à y affecter, dès 2019, les moyens financiers et humains nécessaires au renouveau du sanctuaire et de la maison diocésaine.